IN : comment se portent les théâtres privés aujourdâhui en France ?
Laurent Bentata : La situation reste compliquée, avec une activité ralentie, et la reprise enregistrée fin 2021 sâest essoufflée. Le retour à la normale nâest toujours pas dâactualité, les salles étant 20% à 30% moins fréquentées que par le passé, mais plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Beaucoup de citadins sont partis vivre à la campagne et dâautres craignent encore dâaller au théâtre même si tous les tests prouvent que ce ne sont pas des lieux de contamination. Après deux ans à la maison, de nombreux spectateurs ont aussi pris lâhabitude de se divertir devant leurs écrans. Je reste toutefois optimiste, car un téléviseur ou un ordinateur ne procure pas les mêmes émotions quâun concert, une pièce de théâtre ou une comédie musicale. Lâécran est un filtre qui détériore lâexpérience. Quand lâoffre repartira, je pense que le public reviendra. Nous le vérifions chaque jour avec Le Roi Lion et Les Producteurs, qui rencontrent un grand succès. La rentrée de septembre sera un bon test.
Je reste optimiste, lâécran est un filtre qui détériore lâexpérience.
IN : en raison du covid, certains jeunes nâont jamais mis le pied dans un théâtreâ¦
LB : les séduire est effectivement un des principaux enjeux pour nous. Nous y travaillons avec le ministère de la Culture. Les tarifs jeunes et le pass Culture vont dans le bon sens, mais nous souhaiterions également que le théâtre devienne une matière obligatoire à lâécole, au même titre que le français ou les mathématiques. Nous investissons, par ailleurs, plus de 30% de notre budget média sur le digital, alors que ce pourcentage ne dépassait pas les 10% dans le passé. Nous sommes de plus en plus présents sur les réseaux sociaux et nous nous rapprochons dâinfluenceurs pour mieux toucher les jeunes.
IN : des théâtres privés ont-ils disparu en raison de la pandémie ?
LB : non, tous les théâtres ont survécu. Il faut en cela saluer le soutien des pouvoirs publics durant cette crise. Appartenant à un groupe international, je connais bien ce qui se passe à lâétranger et je peux vous dire quâaucun autre pays au monde nâa autant soutenu le secteur culturel que la France. Ces ballons dâoxygène nous ont permis de survivre. Aujourdâhui encore, lâÃtat finance des aides à la relance, notamment par lâintermédiaire de lâAssociation pour le soutien du théâtre privé (ASTP). Mais ces financements publics vont cesser, ce qui est normal, et câest là quâil sera possible de compter les points et de savoir qui survivra. Les propriétaires de théâtre doivent toutefois moderniser leurs outils, rénover leurs salles et développer leurs expertises particulièrement dans le secteur digital pour relancer leurs activités.
source : www.influencia.net