The Good : Pouvez-vous nous présenter lâactivité et le contexte d’Enedis aujourdâhui ?
Catherine Lescure : Enedis distribue lâélectricité auprès de 37 millions de clients Français avec un tarif péréqué. Nous acheminons les électrons aux 80 fournisseurs dâélectricité qui les vendent aux clients finaux. Si vous changez de fournisseur, vous ne vous en rendez même pas compte, car il nây a aucun moment dâinterruption de fourniture dâélectricité. La force de notre modèle, câest lâentretien des 1,4 million de kilomètres de lignes électriques -lâéquivalent de 35 fois le tour de la Terre- et la gestion de plus de 34 millions de compteurs communicants, qui font que ce réseau devient très digital. Nous avons été reconnus comme le réseau le plus smart au monde dans le cadre du classement 2021 Smart Grid Index de Singapore Power Group. Notre mission est dâassurer la qualité de fourniture dâélectricité dans un pays où lâélectricité est de plus en plus nécessaire dans le mix énergétique. Selon RTE, l’électricité va passer de 25% dans le mix énergétique français à 55% à horizon 2050. Le but est de faire en sorte que lâélectricité arrive au bon endroit au bon moment parce que lâon nâa pas encore trouvé la manière de stocker lâélectricité. Le réseau de distribution est la colonne vertébrale de la transition écologique. Dâailleurs, il permet de connecter les énergies renouvelables présentes à 60% dans les territoires ruraux.
TG : Comment, lorsque lâon est une marque « Goodnative », se challenge-t-on sur la RSE ?
C.L : Notre premier acte a été lâélaboration dâune politique RSE avec lâambition de faire dâEnedis un service public à impact positif pour la planète, les femmes & les hommes et les territoires. Nous avons pris huit engagements dans le cadre de notre nouveau Projet Industriel et Humain 2020-2025 construit avec lâensemble des salariés et 2000 parties prenantes interviewées. Parmi ces engagements, celui dâatteindre la neutralité carbone en 2050 mais surtout de réduire nos émissions de CO2 de 20% à horizon 2025. De façon très pragmatique, nous venons de réaliser un bilan carbone pour chacune de nos 25 Directions Régionales pour connaître notre vraie empreinte à fin 2021 et détailler un plan dâactions à 2025. Dans ce cadre, nous voulons électrifier toute notre flotte de véhicules légers dâici à 2030. Nous avons aujourdâhui la deuxième flotte électrique de France derrière La Poste. Fin 2021, on comptait 3600 véhicules électriques et on en aura 5300 à la fin de cette année. Nous sommes très engagés sur le développement de la mobilité électrique avec le raccordement de toutes les bornes de recharge qui sâinstallent en France.
Nous travaillons également au développement de groupes électrogènes zéro émission, à base dâhydrogène ou de batterie solaire, pour remplacer le diesel, très utiles en cas dâaléas climatiques ou de pannes sur le réseau. Ils seront bientôt indispensables dans les Zones à Faibles Ãmissions (ZFE).
Enfin, nous avons des partenariats de long-terme en lien avec nos métiers : nous travaillons avec la LPO depuis 17 ans pour la protection des oiseaux en installant des balises sur les lignes électriques pour éviter les collisions.
TG : Quels sont les enseignements que vous tirez de votre bilan carbone ?
C.L : Notre bilan carbone révèle que les impacts sont très importants dans notre scope 3. Sur le scope 1, les efforts sont à faire porter sur notre mobilité. Dâoù notre engagement sur le passage à une flotte de voitures électriques. Sur le scope 2, il sâagit de réduire lâimpact de nos pertes réseau. Par ailleurs, le fait dâavoir déployé 34 millions de compteurs communicants Linky a permis de limiter les déplacements, puisque la relève de compteurs et la résolution de nombreuses pannes se font désormais à distance, donc câest autant dâémissions de CO2 évitées.
Quant à la réduction des émissions du scope 3, nous y travaillons avec nos fournisseurs que nous accompagnons à travers des achats responsables pour faire en sorte quâils soient eux-mêmes vertueux en matière de CO2. Nous considérons que nous avons pour rôle, en tant que service public, de travailler main dans la main avec la filière électrique pour quâensemble nous soyons au rendez-vous de 2050. Lâidée câest dâamener chacun de nos partenaires, prestataires dans ce chemin. Nous avons le label Relations fournisseurs et achats responsables (RFAR) depuis maintenant trois ans.
Nous devons par ailleurs adapter, prévoir et anticiper lâimpact des aléas climatiques dans nos propres gestes métiers. Nous consacrons un milliard dâeuros chaque année à la résilience du réseau. Câest pour nous un sujet absolument majeur pour assurer la continuité dâalimentation en électricité pour les Français. Nous faisons des simulations notamment avec le laboratoire de Météorologie Dynamique de lâEcole Polytechnique pour anticiper les impacts potentiels à 2050. Nous nous préparons notamment à faire face à des épisodes caniculaires et des risques dâincendie.
TG : Et au-delà des enjeux écologiques ?
C.L : Sur les femmes & les hommes, il y a les enjeux de diversité qui sont des enjeux forts dans un secteur très technique où malheureusement les jeunes filles ne sâorientent pas de façon naturelle. Nous avons beaucoup progressé dans notre index Egalité Professionnelle, nous sommes à 95 sur 100 aujourdâhui. On compte 24% de femmes au sein de lâentreprise dont 30% de femmes dans notre management. Nous avons la chance dâavoir une femme comme Présidente dâEnedis, le Directoire étant composé de 40% de femmes et le COMEX de 30%, ce qui est plutôt haut pour une entreprise de nature très industrielle. Nous travaillons notamment sur lâimage de représentation quant aux métiers techniques. Nous avons également mené une campagne en interne autour de la lutte contre toutes formes de discrimination, qui a été plébiscitée. Nous avons également signé la charte LGBT+ de LâAutre Cercle.
Chez Enedis nous avons une vraie mission très louable : apporter de lâélectricité aux Français tous les jours 24h/24. Câest une vraie mission de service public moderne avec un personnel très engagé et qui a à cÅur de mener ses missions auprès des Français. Et câest particulièrement attractif pour des jeunes qui veulent rejoindre des entreprises à impact positif.
Enedis recrute beaucoup chaque année : en 2022, nous allons embaucher 1000 salariés et 1200 alternants, répartis sur tout le territoire. Câest une vraie chance de pouvoir offrir aux jeunes des jobs partout en France. Câest aussi la capacité de maintenir ce lien social avec tous les territoires qui font la richesse de notre pays. Nous offrons un vrai ascenseur social, beaucoup dâagents de maîtrise deviennent cadres. Nous avons à cÅur de développer la formation, la prise de responsabilité.
C.L : Nos datas, grâce aux compteurs Linky, permettent aux consommateurs de mieux suivre leurs consommations. A la fois à travers notre appli âEnedis à Mes Côtésâ qui permet déjà de suivre sa consommation en kilowattheure, et via les applis des fournisseurs qui permettent de mesurer cela en euros. On peut ainsi suivre sa courbe de charge en voyant comment on consomme dans la journée et de se rendre compte quâil y a des façons plus vertueuses de consommer. LâADEME considère que Linky permet de faire près de 10% dâéconomies dâénergie si on suit régulièrement sa consommation. Dans un contexte où lâélectricité va de plus en plus se substituer aux énergies fossiles en France, lâobjectif est aussi de consommer de façon plus modérée, plus sobre. Consommer au bon moment à la bonne heure câest ce que les fournisseurs permettent en proposant des offres innovantes. Par exemple, faire ses machines le week-end ou à des heures creuses pour payer moins cher, bénéficier de lâénergie la plus abondante, la moins coûteuse en CO2 et utiliser aussi au maximum les énergies renouvelables avec la montée en puissance des énergies décentralisées.
Dans nos scénarios pour 2050 on voit que les pics de production qui étaient jusquâà présent le matin et le soir vont complètement évoluer puisque les énergies renouvelables et notamment le solaire vont déplacer les pics de production vers 12/14h. Il va falloir ajuster les consommations à ces moments-là . Les usages vont évoluer en fonction du développement des énergies renouvelables. Quand on aura plus de panneaux solaires, on va lancer sa machine à laver au moment où le soleil brille et non plus le soir. Autre exemple, la voiture électrique sera demain un moyen de stockage en journée pour alimenter la maison le soir. Cela ne va pas se faire du jour au lendemain mais câest en train de devenir une réalité.
En effet, nous assistons à lâaccélération des raccordements des énergies renouvelables. Aujourdâhui, 530 000 installations solaires sont connectées en France dont 144 000 auto-consommateurs là où en avait 3 000 il y a 5 ans. Ils utilisent une partie pour leur besoin propre et puis ils revendent une partie qui repart sur le réseau de distribution, pour alimenter les voisins. Câest là aussi un vrai sujet dâéconomie circulaire.
LâADEME considère que Linky permet de faire près de 10% dâéconomies dâénergie si on suit régulièrement sa consommation.
The Good : Est-ce une garantie anti-greenwashing dâavoir à la fois une casquette de Directrice Communication et Directrice RSE ?
C.L : Chez Enedis, nous faisons de la RSE depuis toujours sans en avoir vraiment conscience et sans lâavoir forcément partagé avec les clients. Câest aussi lâobjet de notre nouvelle campagne de pub âBienvenue dans la nouvelle France électriqueâ où nous montrons que la France des nouveaux usages électriques est joyeuse et entraînante. Lâaccélération des usages électriques nous concerne tous, câest une aventure qui réunit de nombreuses de parties prenantes partout sur le territoire français.
The Good : Vous avez remporté lâOr de la catégorie âRéduction des déchetsâ lors du dernier Grand Prix de la Good Ãconomie. Pouvez-vous nous dire où en est ce projet lauréat â une plateforme de seconde main pour le matériel professionnel ?
C.L : Nous avons lancé cette plateforme pour démocratiser la pratique du réemploi en interne, en facilitant les opérations de don et de collecte de matériel. Le meilleur achat responsable est celui qui permet de réutiliser ce qui est dans les stocks. Cette plateforme obtient de très bons résultats et est de plus en plus utilisée par les salariés. 1000 objets ont ainsi été redistribués depuis avril 2021, soit lâéquivalent dâun million dâeuros dâéconomie pour lâentreprise. Cela répondait à un vrai besoin de la part de nos salariés : quand on a des matériels inutilisés, quâest-ce quâon en fait ? Avec la plateforme de réemploi, dâune direction à une autre, on sâéchange des tableaux électriques, des casques, des gants, des écrans. Nous sommes précurseurs de lâéconomie circulaire en interne ! Nous sommes aussi le miroir de la société. La façon que nous avons de consommer en tant que clients sur des plateformes comme LeBonCoin ou Vinted est vite adoptée dans lâactivité professionnelle. Il y a déjà une habitude de ce type de consommation responsable. Lâutiliser dans le milieu professionnel peut inciter à lâutiliser dans des consommations plus individuelles et réciproquement.
source : www.influencia.net