The Good : Pourquoi avoir candidaté au Grand Prix de la Good Ãconomie ?
Bettina Dablemont et Vincent Moreau : Notre objectif était de donner de la visibilité à nos actions. Notre métier de property manager, de gestionnaire de lieux de vie, nous a amenés à plusieurs constats. Le premier constat est que les lieux de vie performants économiquement sont ceux qui ont du sens. Le deuxième est lié à notre environnement de travail complexe. Nous travaillons en BtoBtoC. Il y a beaucoup dâintermédiaires avec beaucoup de discours, de bonnes intentions mais encore peu dâactes. Depuis longtemps, nous nous définissons du côté des faiseurs et non du côté des commentateurs. En prenant en compte le comportement des consommateurs, on se rend compte qu’ils sont volontaristes. Nous avons donc placé le consommateur final au centre de notre prise de décision. Le dernier constat est que les actions les plus vertueuses sont celles qui ont un impact concret sur leur territoire. Lâobjectif était donc de donner de la visibilité à une de ces actions qui en interne nous avait vraiment marqués.
TG : Quel projet avez-vous soumis ?
B.D et V.M : Candidater était déjà une première victoire. Chez Bradâ, la Braderie solidaire est née d’un partenariat entre deux acteurs locaux : lâassociation Ãtre & Boulot et le village de marques dâHonfleur, Honfleur Normandy Outlet qui est un de nos centres en gestion. Nos équipes avaient identifié cette association qui gérait un dépôt-vente à Honfleur malheureusement à lâabri des fréquentations. On voulait leur donner une vitrine pendant un moment fort de notre saisonnalité. Ce qui nous a paru important câétait aussi de leur donner des clients qui ne seraient pas naturellement venus vers une braderie solidaire. Après avoir élu domicile dans nos murs deux mois lâété dernier puis un mois cet hiver, le dépôt-vente revient le mois prochain pour 3 mois. Câest donc un partenariat qui dure.
TG : Quels sont les champs de lâimpact concernés par ce projet ?
B.D et V.M : Je crois que notre plus grande fierté concerne les personnes accompagnées par les membres de lâassociation et nos équipes pour être aptes à recevoir les clients au sein de la braderie. En plus de lâinsertion professionnelle, il y a aussi la consommation raisonnée. Par consommation raisonnée on entend celle qui fait sens. Dans nos centres commerciaux nous essayons de proposer des grandes enseignes nationales connues, qui petit à petit font un gros effort sur lâaspect raisonnable de leurs collections. Nous essayons aussi de mettre au profit dâacteurs économiques issus de lâéconomie sociale et solidaire, des visiteurs. Enfin câest le mécénat de compétences, en faisant en sorte que nos équipes détentrices de savoirs techniques puissent le partager avec ces publics.
TG : Quel chemin de transformation RSE avez-vous entrepris au sein de votre entreprise ?
B.D et V.M : Nous aimons dire que la crise du Covid nous a sauvés. On était dans une démarche assez court-termiste. Cela nous a permis de repenser notre plan stratégique sur du long terme. En parallèle, nous avons commencé à réfléchir à notre démarche RSE. Début 2020, nous avons défini notre raison dâêtre qui est de promouvoir la consommation raisonnée et la gestion responsable des lieux. Nous lâavons ensuite beaucoup détaillée auprès de lâensemble de nos collaborateurs et de nos parties prenantes. Câest une forme de garantie qui oblige chacun dâentre nous sur le long terme et qui donne du sens à chacune de nos actions. Fin 2020, on a fait une grande consultation auprès de nos parties prenantes. On les a tous interrogés sur les 3 piliers : social, environnemental et sociétal pour identifier les enjeux cruciaux que nous avons ensuite matérialisés sur une matrice de matérialité. Une fois que nous avons pu scorer lâensemble de ces enjeux, on a créé un comité RSE de 8 personnes au sein de lâentreprise avec une représentation de tous les métiers. On a co-construit les actions prioritaires pour répondre à ces enjeux cruciaux. Nous avons aussi entamé une labellisation B Corp pour laquelle nous avons consolidé tous nos éléments de preuve.
TG : Quels sont ces éléments de preuve ?
B.D et V.M : Sur la partie sociale, on a recensé les experts qui peuvent monter des modules de formation. Notre directeur financier a par exemple écrit une formation sur la comptabilité pour former lâensemble des collaborateurs. En 2021, on a réalisé 220 heures de formation en interne. Cela permet de faire monter en compétences les collaborateurs et dâaugmenter leur employabilité. Sur la partie environnementale, on a défini un book avec lâensemble des bonnes pratiques pour viser la réduction des consommations énergétiques dans les 5 prochaines années. Sur la partie sociétale, Chez Bradâ est un exemple dâactions concrètes dâancrage local.
TG : Quelles difficultés avez-vous rencontrées sur ce chemin ?
B.D et V.M : Dès le début, on sâest dit quâil fallait faire preuve de beaucoup de pédagogie et de patience pour expliquer notre raison dâêtre, notre projet dâentreprise et surtout pour faire comprendre à chacun quâêtre acteur de ce déploiement de stratégie est possible, que ce soit en interne ou en externe. Le temps fort Ma Petite Planète a été un élément déclencheur. Cela a créé beaucoup de cohésion dâéquipe et a donné du sens au démarrage de nos actions.
TG : Pouvez-vous nous partager quelques résultats ?
B.D et V.M : 95% de nos collaborateurs ont trouvé un sens à leurs actions au quotidien. Câest une récompense fabuleuse puisque câest la preuve que notre message a été compris. Notre plus grande fierté est ainsi dâavoir une stratégie RSE qui ne soit pas âhors-solâ du quotidien de nos équipes et dont chacun soit porteur. Un de nos plus grands succès est la duplication en cours de certaines de nos actions responsables. On estime quâenviron 10% des surfaces que nous gérons seront dans les prochains mois dédiées à des acteurs de lâéconomie sociale et solidaire. Avec notre braderie solidaire, déjà plus de 10 personnes ont été formées pour un retour à lâemploi. Chez Bradâ, la Braderie solidaire qui a gagné beaucoup de visibilité grâce au Grand Prix de la Good Ãconomie, va être dupliqué sur dâautres sites notamment à Roubaix. Une nouvelle boutique du nom de ReStore sera installée sur notre site là -bas. Une entreprise qui fait du tri sélectif dans la métropole de Lille mettra dans cette boutique des produits à prix très réduits. Nous pouvons donc dire que la boucle est bouclée puisque notre objectif qui était de mettre en avant un de nos projets est plus quâaccompli avec lâouverture de nouvelles boutiques solidaires.
Ce papier est d’abord été publié dans thegood.fr
source : www.influencia.net