Il y a plusieurs semaines, câest le ticket de métro qui commençait à annoncer sa disparition (finalement retardée en raison de la pénurie actuelle de puces électroniquesâ¦). On lâa connu jaune, chic et choc, puis vert, pour coller à lâair du temps. Puis violet, puis blanc. Le voici désormais en voie de dématérialisation comme sâil prenait trop de place. Le billet de train est, lui, aussi en train (ah, ah, ah) de disparaitre. Essayez dâimprimer le vôtre à une des bornes situées dans les gares. Vous recevrez alors un ticket de caisse. La SNCF est tellement préoccupée par le service client quâelle se prend pour une enseigne de grande distribution. Oublié le coupon en carton que lâon montrait au contrôleur et qui finissait parfois (souvent) en marque-page. Souvenir, souvenir. Hier, le billet de train était une promesse de départ, désormais, de retour au quotidien le plus quotidien.
Le ticket de caisse, justement, le voilà dans lâactualité du pouvoir dâachat. Depuis une semaine, des bruits courent quâil est le prochain sur la liste. Disparaître par défaut. Avec notre consentement. Si vous ne le demandez pas, vous ne lâaurez pas. Le responsable, câest vous. Pas bon pour lâenvironnement, pas assez hygiéniste. Les raisons ne manquent jamais quand elles sont déguisées en justifications. Des associations de consommateurs sâen émeuvent. Pour elles, le ticket est un « outil de gestion du budget familial qui permet de vérifier l’exactitude du montant de la transaction ». On ne saurait mieux dire. Câest surtout un moyen simple et accessible de se souvenir des prix des produits achetés et du montant de ses dépenses. Comme si on voulait supprimer toute preuve dâinflationâ¦Â
Depuis la crise sanitaire, les dark kitchens et les dark shops fleurissent dans les métropoles. On les appelle aussi « cuisines fantômes » et « magasins fantômes » Là , sans être vraiment là . En partie congédiés du réel. Une esthétique de la disparition est à lâÅuvre. On imaginait le monde de demain moins encombré et, peut-être même, animé par plus de frugalité. Mais de là à effacer toute trace du monde dâavantâ¦
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