Imaginez, une marque de pulls, « dite » classique, qui « vend » des tricots. Des quantités de tricots pour hommes, de toutes les tailles, formes, couleurs, et dont, -époque mutante que la notre, oblige-, le concept devient obsolète. Hop ! Fini la gabegie. Vous y êtes ? Le concept en question est celui de nâimporte quel fabricant de chandails qui, dans le monde dâavant, fabriquait, sans savoir à qui sâadressaient ses produits, mais qui continuait, à lâaveugle, à suivre son bonhomme de chemin, jusquâà épuisement⦠Pas des stocks, lâépuisement, hein?⦠Comprenez-bien. Car des stocks, il en a à « revendre ». Câen est indécent⦠William Hauvette et Rodolphe Gardies, co-fondateurs dâAsphalte en ont tiré des leçons qui leur ont permis de faire le fameux pas de côté, qui transforme la citrouille en Cendrillon.
« La fast-fashion et sa logique néolibérale, sa philosophie indécente, aujourdâhui, jugée aberrante par les consommateurs eux-mêmes, nous a très vite interrogés sur ce quâest devenu le rapport au vêtement, lâattachement que nous portons à certaines pièces, et lâenvie de les conserver longtemps», commence Rodolphe Gardies CMO dâAsphalte, « et pour être honnête, nous ne nous sommes pas interrogés immédiatement sur la virtuosité de notre modèle, mais plutôt sur un certain pragmatisme pour sortir dâun modèle économique qui évoquait une notion de la consommation passéiste ».
Câen est fini de la production à lâaveugle, des pertes, et des invendus
Câest en 2012, que William Hauvette élevé à la graine du commerce, lance d’abord la marque de pulls Six & Sept. Cinq ans pour se ressaisir. Et saisir, avec son acolyte Rodolphe Gardies, CMO de lâenseigne, que le modèle économique du secteur de la mode est une foutaise, et que 60% des vêtements qui finissent à la poubelle, câest invivable à tous points de vue⦠Les associés décident alors de supprimer les stocks et de sâattaquer à un nouveau modèle qui crée des vêtement sur précommande, avec un catalogue réduit aux essentiels indémodables. Câen est fini de la production à lâaveugle, des pertes, et des invendus ; le duo lâche Six & Sept pour lancer Asphalte. Cette aventure un peu poussiéreuse, (diantre, que le 20ème siècle est loin), câest du passé. « Nous avons tout bonnement inversé le process », narre, Rodolphe Gardies, encore étourdi de lâaudace, « et plutôt que dâimposer nos produits aux clients, nous avons décidé de leur demander quel serait le pull de leurs rêvesâ¦Â» Et câest ainsi quâAsphalte finit par interroger sur FB et par mail, ses clients hommes en 2018.
Col rond? roulé? Cheminée? V?
Col rond, V, roulé, cheminée ? Manches droites, près du corps ? Large ? Point mousse? Point Jersey? Long, court ? Prix ? Le résultat est sans appel. Le pull idéal est à col rond, ne bouloche pas, est très chaud, doit survivre aux lavages sans rétrécir, résister à la mise au placard plusieurs années. Câest quâon sây attache à ces petites laines⦠Son coût ? 99 euros. « Une fois que nous avons créé le prototype du pull idéal pour homme, nous lâavons proposé en précommande, sur notre site, et câest ainsi que nous inventions un système de financement participatif de co-création. Le public avait créé sa marque », résume, magique, Rodolphe Gardies.
On boit le champagne si on en vend 500!
« Nous avions décidé que si nous vendions 500 pulls nous boirions le champagne, au final nous en avons écoulé 2500 pièces. Nous avons ensuite réitéré sur les chemises en jean, les sneakers, etc ». Pas de stock, pas de magasin, pas de déchets. Rien que des bureaux et des centres de production. Cuisse de Grenouille, For Life emboîtent le pas à Asphalte. Un bon signe. Aujourdâhui, lâheureux tandem, rené (ne vérifiez pas, «rené» troisième personne du passé composé du verbe renaître, existe) de ses cendres, lance le pull parfait pour⦠femme ! Un pull qui a demandé plusieurs étapes clé, comme la venue de 10 femmes de corpulences différentes aux bureaux pour essayer et émettre leurs avis et conseils sur le tricot idéal. La création du portrait robot en 3D pour présenter les coloris sur le site. La quête des meilleurs prestataires, producteurs de laine, usines de productionâ¦
objet lainé, né de notre révolution posthyperconsumériste
Quel est donc au final cet objet lainé, né de notre révolution posthyperconsumériste ? « Il sâagit dâun pull classique, adapté à toutes les morphologies, imaginé virtuellement en sept tailles, qui ne se déforme pas, plutôt fitté, proposé en six couleurs, bleu marine, noir, gris anthracite, vert anglais, rouge, écru ».
Nous sommes autosuffisants, ne dépendons pas de banques, ni dâinvestisseurs. Chaque produit est une levée de fonds faite auprès de nos clients et nâavons donc pas dâobjectifs de rentabilité !
Mais encore, boss  ? : « ce pull qui cible tous les âges, trentenaires, comme sexagénaires, est en laine Mérinos, sourcée en Afrique du Sud. Une laine 100% traçable». Parole de Rodolphe Garnies qui dit avoir enquêté sur le process de fabrication de la laine⦠et nâavoir rien retrouvé à redire sur la bonne éducation des moutons Mérinos⦠Tandis que la production est sous-traitée à une quinzaine de confectionneurs essentiellement basés au Portugal, la petite boîte qui monte est installée elle, à Bordeaux, et compte une cinquantaine de personnes. Un dernier petit mot ? : « Nous sommes autosuffisants, ne dépendons ni des banques, ni dâinvestisseurs. Chaque produit est une levée de fonds faite auprès de nos clients (un fichier de 100 000 adeptes) et nous nâavons donc pas dâobjectifs de rentabilité ! ». Chez INfluencia, on aime bien cette façon de penser⦠Désormais, les deux amis attendent avec impatience leur label B Corp. Et peut-être quâAsphalte créera la nouvelle petite robe noire chère à toutesâ¦
source : www.influencia.net