INfluencia : en quoi la Croix-Rouge se distingue-t-elle des autres associations humanitaires ?
Laurent Amiand : c’est une question très pertinente qui va donner du fil à retordre à tous les participants au concours. Je vais mâautoriser à synthétiser de façon très schématique notre histoire pour pointer quelques-unes de nos particularités. A lâorigine, il y a eu le geste fondateur dâHenri Dunant à la bataille de Solférino : prendre soin sans distinction des blessés de guerre. Il reçoit alors le soutien dâune partie de la population civile locale dans cette tâche mais également dans le regard porté sur la souffrance des soldats. Blessés, ce ne sont plus des ennemis ou des alliés. Ce sont des personnes à qui il faut porter assistance. Câétait absolument novateur pour lâépoque. Aujourdâhui encore, cette approche n’est pas forcément portée par tout le monde. Elle est constitutive de lâensemble des actions humanitaires de la Croix-Rouge française et des autres sociétés nationales qui composent le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. A la base de ce mouvement, il y a donc sept principes : l’humanité, l’impartialité, la neutralité, l’indépendance, le volontariat, l’unité et l’universalité.
A travers les époques, la Croix-Rouge française a adapté ses actions aux besoins de la population en fonction des difficultés rencontrées. Petit à petit, nos activités se sont étoffées. Câest ainsi que nous agissons au coin de la rue comme au cÅur des crises mondiales.
Nous avons une double identité, association et entreprise à but non lucratif. Nous sommes un âgroupe associatifâ fort de 100 000 volontaires, bénévoles, salariés et étudiants. Il rassemble notamment une association dâintérêt général gestionnaire dâétablissements sanitaires, sociaux, médico-sociaux et de formation et dâune plateforme dâinnovation sociale.
 IN. : la deuxième édition des Melle Pitch Awards se met au service de la Croix-Rouge française. Qu’attendez-vous d’une campagne de communication pour la Croix-Rouge sur le plan créatif ?
L.A : créer la surprise par la modernité du propos pour refléter ce que nous sommes ! Jâattends quâelle donne envie de nous rejoindre et de nous soutenir. Ãviter les lieux communs nous concernant car câest justement lâexpression du manque de créativité !
IN. : à quels objectifs doit-elle répondre aujourd’hui ?
L.A. : notre capacité à déployer nos actions dépend des forces vives qui composent le âgroupe associatifâ que nous sommes. Les défis auxquels nous faisons face et les crises multiples à venir nécessitent de convaincre en permanence un maximum de citoyens à rejoindre notre association. Pour continuer à remplir notre rôle de tiers de confiance, participer au renforcement du lien social par exemple, nous devons être très nombreux pour répondre efficacement aux besoins des personnes en situation de vulnérabilité et construire avec elles leur résilience.
IN. : quelle sera sa cible ? Et pourquoi cette cible particulièrement ?
L.A. : les jeunes de 15 à 30 ans. Ce choix a été fait pour plusieurs raisons. Il est essentiel dâêtre mieux connus, voire de se faire connaître de cette génération pour quâelle ait envie de sâinvestir à nos côtés. Nous savons quâil y a une forte appétence pour lâengagement à ce moment clef de son existence. Si nous sommes convaincus de la nécessité dâaccroître le sens de la citoyenneté et de la solidarité chez les plus jeunes, nous pouvons les accompagner dans le développement de leurs compétences. Ainsi, nous nous renforçons mutuellement au profit dâune société plus solidaire et mieux préparée pour faire reculer les souffrances humaines et faire émerger de nouveaux modèles de solidarité plus justes et plus respectueux de la personne humaine et de son environnement. Si toutes les générations sont concernées, celle-ci déborde dâune envie et dâune créativité dont nous ne voulons pas nous passer. La participation est au cÅur de notre projet associatif. Donc bâtir demain ne se fera quâavec eux.
IN. : quelles sont vos principales batailles aujourd’hui ?
L.A. : notre raison dâêtre répond précisément à cette si vaste question : âla Croix-Rouge française agit pour protéger et relever sans condition les personnes en situation de vulnérabilité et construire, avec elles, leur résilience.â Nous faisons face et nous devons nous préparer à une intensification des crises issues de risques qui se nourrissent entre eux : les conséquences des changements climatiques, des fluctuations économiques, etc. qui frappent dâabord et plus fort les personnes qui cumulent les fragilités et qui nâont pas les moyens de sâen protéger.
Notre stratégie pour y répondre repose sur trois grands piliers : prévenir et éduquer, protéger et enfin relever en rétablissant les liens sociaux.
IN. : l’organisme France Générosités, qui publie chaque année son « Baromètre de la générosité »  a constaté pour l’année 2020, une hausse « exceptionnelle » des dons, de 13,7% par rapport à l’année précédente.  La Croix-Rouge en a-t-elle bénéficié ?
L.A. : je profite de cette occasion pour remercier très sincèrement nos donateurs qui en effet ont été au rendez-vous pour nous soutenir dans les efforts exceptionnels que nous déployons pour faire face aux conséquences de la crise de la Covid 19 notamment.
source : www.influencia.net