« Merci bien, mâsieurs, damesâ¦Â » Les serveurs sont de moins en moins nombreux à remercier leurs clients lorsquâils récupèrent la petite monnaie laissées sur le coin de la table. Et pour cause⦠Depuis le début de la crise sanitaire, les pourboires ont chuté de 50%, selon une étude de lâUnion des Métiers et des Industries de lâHôtellerie, le principal syndicat de la branche restauration.
Beaucoup de Français continuent de laisser un peu dâargent en partant dâun café ou dâun restaurant. 77% des consommateurs interrogés par lâinstitut CSA pour une étude commandée par la fintech Lyf affirment donner en moyenne 2,8 euros au personnel. 85% de cet argent est versé dans des troquets ou après un repas. Mais les sommes offertes sont en chute constante.
Le liquide ne coule plus de source
Lâimmense majorité de ces gratifications est en effet payée en liquide et la généralisation des paiements par carte bancaire a eu un impact direct sur la générosité des particuliers. 35% des Français affirment ainsi que le manque de petite monnaie les freine dans leur élan. Le cash ne fait plus recette.
Nous retirons en moyenne 73 euros par mois aux distributeurs, dâaprès une étude de Poll&Roll pour Panorabanque. Les paiements par carte bancaire sont aujourdâhui douze fois plus utilisés que les retraits. Ce phénomène a encouragé la Banque de France, qui conserve lâargent liquide, à fermer des agences en province. Le succès du « sans contact », qui a déjà été testé par 79% des particuliers, ne nous rend pas moins généreux pour autant. Sur le papier tout du moins⦠68% des Français se disent ainsi favorables au pourboire dématérialisé, selon CSA. Mais encore faut-il pouvoir le faireâ¦
La défiscalisation ne résoudra pas tout
En Allemagne, les clients ont pris lâhabitude depuis de très nombreuses années de verser quelques euros supplémentaires pour le service lorsquâils payent leur addition par carte bancaire mais dans lâhexagone, cette coutume nâest pas entrée dans les mÅurs. « Les gens ici doutent que lâargent quâils versent en supplément revienne au serveur, assure Samuel Manassé, le co-fondateur et CEO de Yavin. Nous sommes parvenus à régler ce problème en proposant aux restaurateurs une application pourboires sur nos terminaux de paiement. Au moment de payer, le client peut choisir de ne rien verser en plus ou de donner 5% ou 10% supplémentaires pour le service. Depuis que nous proposons ce service, 30% des acheteurs déboursent un peu dâargent en plus. La nouvelle législation qui va entrer en vigueur devrait encore accélérer ce mouvement et convaincre de plus en plus de consommateurs à se montrer plus généreux. »
Le 27 septembre, Emmanuel Macron a annoncé que la défiscalisation des pourboires sera possible à partir de lâannée prochaine. En versant quelques euros à un serveur lors dâun paiement par carte, les particuliers seront ainsi certains que lâintégralité de la somme quâils auront payée sera reversée à lâemployé de leur choix. Cette mesure vise également à convaincre les demandeurs dâemplois de rejoindre le secteur de lâhôtellerie-restauration qui a perdu plus de 237.000 salariés en un an, selon une étude de la Direction de lâanimation de la recherche, des études et des statistiques.
Un marché encombré
En mettant en place lâoption « pourboire », Yavin cherche à se différencier de ses rivaux. SumUp, Zettle, myPOS, Smile&Pay, Viva Wallet, Verifone, Ingenico⦠Le marché des terminaux de paiement commence à être très encombré. « La plupart de nos concurrents proposent des services qui sont uniquement accessibles via smartphone, se défend Samuel Manassé qui a lancé sa start-up en plein milieu de la crise sanitaire. Leur modèle sans abonnement mais avec de fortes commissions est adapté aux artisans qui encaissent peu. Notre solution est, elle, bien plus adaptée aux commerçants, aux artisans et aux établissements qui ont de nombreux clients. Notre commission ne dépasse pas 1,75% à partir dâun certain volume dâencaissement et notre terminal sâintègre parfaitement aux logiciels de caisse et de fidélité qui existent sur le marché. Nous proposons aussi plusieurs outils comme celui des pourboires. Cela devrait nous permettre de vite croître. Nous comptons aujourdâhui 1000 clients mais nous devrions en rassembler des centaines de milliers assez rapidement. Nous allons également nous développer à lâinternational. Nous allons commencer par lâIrlande cette année avant de proposer notre offre dans dâautres pays de la zone euro en 2022. 98% des terminaux de paiement en France sont fournis par les banques. Notre marge de progression est donc énorme. » A votre bon cÅur, mâsieurs, damesâ¦
source : www.influencia.net