Notre stratégie est de croître année après année sans brûler beaucoup de cash et de nous asseoir sur des bases solides.
INfluencia : la société que vous avez fondée en 2000 a mis du temps à prendre son envol puisque vous êtes devenu licorne seulement en 2019. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
David Khuat-Duy : nous avons toujours eu pour particularité dâenregistrer une croissance régulière tout en restant rentable. Notre stratégie est de croître année après année sans brûler beaucoup de cash et de nous asseoir sur des bases solides. Câest pour cette raison que nous avons attendu 2011 pour organiser notre première levée de fonds qui atteignait tout juste 3 millions de dollars. Depuis notre création, nous avons levée 130 millions de dollars auprès dâinvestisseurs mais le management contrôle toujours la majorité du capital. Câest un avantage car nous pouvons ainsi prendre notre temps et nous assurer dâenregistrer une croissance sur le long terme. Ces dernières années, nos revenus progresse en moyenne de 30% par an.
IN : pourquoi avez-vous choisi de proposer une solution SaaS alors que le marché des logiciels BtoB est contrôlé par des géants comme Oracle et SAP ?
D.K.-D. : les solutions proposées au début des années 2000 étaient très centrées autour de la comptabilité interne dans les entreprises. Notre logiciel était, lui, tourné vers lâextérieur car il permettait de tisser des liens entre les clients et leurs fournisseurs. Notre positionnement était donc clairement différent et nous avons aussi fait le choix de proposer uniquement des solutions de gestion des achats alors que les grands groupes de notre secteur proposent des suites nettement plus transversales.
Aujourdâhui, lâAmérique du Nord représente 50% de notre chiffre dâaffaires qui a atteint 130 millions de dollars lâan dernier
IN : les sociétés ne recherchent-elles pas justement des solutions globales plutôt que de multiplier les logiciels qui ne communiquent toujours pas très bien les uns avec les autres ?
D.K.-D. : de nombreux groupes réalisent aujourdâhui quâune solution unique peut vite se transformer en un mastodonte qui crée beaucoup de rigidité et de complexité. Câest cette prise de conscience qui explique le succès de Salesforce qui propose des logiciels spécialisés dans la gestion de la relation client.
IN : qui sont vos clients justement ?
D.K.-D. : principalement des grands groupes. Durant nos dix premières années dâexistence, nous nous sommes concentrés sur les sociétés du CAC 40. Nous travaillons toujours avec certaines dâentre elles dont Vinci, Veolia, Capgemini, Michelin, Stellantis, LVMH et Orange. Nous avons aussi très rapidement cherché à nous développer à lâinternational. Je me suis installé pour cela aux Etats-Unis en 2013 et jây suis resté pendant huit ans. Aujourdâhui, lâAmérique du Nord représente 50% de notre chiffre dâaffaires qui a atteint 130 millions de dollars lâan dernier. LâEurope génère un peu plus de 40% de nos revenus et lâAsie-Pacifique un peu moins de 10%. Nous avons aujourdâhui 16 bureaux dans une dizaine de pays et nous employons 750 personnes.
Ce statut de Licorne permet toutefois de mieux faire connaître notre marque et dâattirer plus facilement des talents. Nous comptons recruter 300 personnes cette année.
IN : Le Covid a-t-il eu un impact sur vos activités ?
D.K.-D. : certaines entreprises ont ralenti ou retardé leurs investissements durant la crise sanitaire mais lâessor du télétravail a également encouragé de nombreuses sociétés à accélérer leur numérisation et la gestion des achats fait partie des logiciels critiques quâil faut avoir.
IN : le fait de devenir licorne en 2019 a-t-il eu un impact sur vos activités ?
D.K.-D. : pas réellement. Ce statut permet toutefois de mieux faire connaître notre marque et dâattirer plus facilement des talents. Câest important pour nous car nous comptons recruter 300 personnes cette année.
Nous sommes rentables et nous nâavons pas besoin de lever de nouveaux fonds.Notre leitmotiv? enregistrer une croissance constante…
IN : Comptez-vous vous diversifier dans les années à venir ?
D.K.-D. : nous nâavons pas besoin de nous diversifier car nous sommes présents sur un marché de plusieurs milliards de dollars et nos principaux concurrents sont plus gros que nous.
IN : des acquisitions ne vous permettraient-elles pas de croître plus rapidement ?
D.K.-D. : La croissance externe ne fait pas partie de nos objectifs même si nous ne fermons pas la porte à dâéventuelles opportunités de rachat si une belle occasion se présentait comme cela a déjà été le cas en 2017 lorsque nous avons repris Directworks. Nous sommes rentables et nous nâavons pas besoin de lever de nouveaux fonds. Notre volonté est toujours dâenregistrer une croissance constante. Cela reste notre leitmotiv.
En savoir plus
Dans son dans son rapport Global Fintech, le cabinet américain spécialisé CB Insights faisait apparaître l’entreprise tricolore dans sa sélection des 58 Fintech dans le monde valorisées plus d’un milliard de dollars et non cotées en Bourse en 2019. L’entreprise dirigée et fondée par David Khuat-Duy il y a 20 ans, s’est positionnée sur un marché B2B, et plus particulièrement sur celui des grandes entreprises. Elle a récemment gagné en visibilité lors d’une levée de fonds de 60 millions de dollars la valorisant 1,1 milliard de dollars, puis en rejoignant le Next 40, une liste concoctée par le gouvernement pour propulser les plus belles pépites de la tech française. Pourquoi cetta absence au classement? Tout simplement, parce qu’Ivalua n’était pas présentée comme une Fintech, mais comme un éditeur de logiciels dédiés à la gestion des achats…
source : www.influencia.net