INfluencia : pourquoi les régies de groupes de presse ont-elles créé le Syndicat des Régies Publishers (SRP) ? Â
Fabienne Marquet : les régies Publishers du média presse nâavaient pas de syndicat alors que celles de tous les autres médias ont de longue date une instance représentative : le SRI pour le digital, le SNPTV pour la télé… Il fallait une instance unifiée et forte pour les représenter. Un groupe de travail avec des régies de presse payante et gratuite a été lancé courant 2019 pour dresser un diagnostic et donner des perspectives à un projet qui pourrait nous permettre dâavoir une représentation plus audible de toute la presse et dâêtre plus influent au sein du marché de lâindustrie publicitaire. Les statuts ont été déposés courant 2021 et, à ses débuts, le Syndicat des Régies Publishers (SRP) compte 11 membres : Amaury Media, Bayard Média Développement, CMI Media, Condé Nast, Figaro Média, GMC Média, Les Echos Le Parisien Médias, M Publicité, Prisma Media Solutions, Reworld Media Connect et 366. Ces régies agissent au niveau national sur toutes les typologies de presse : la presse quotidienne nationale, la presse quotidienne régionale et la presse magazine.
La presse avait besoin dâune instance unifiée et forte pour représenter les régies Publishers, comme câest le cas de longue date pour les régies des autres médias
IN : pourquoi avoir retenu cette appellation de « publishers » ?
F.M. : parce que ce terme englobe lâensemble les écosystèmes des marques issus des contenus imprimés dans lâobjectif très clair dâaccroître les revenus des marques Publishers et de développer leur influence auprès du marché publicitaire.
IN : quelles sont les ambitions du SRP, qui réunit pour le moment seulement de grandes régies ?
F.M. : une des premières ambitions consiste à rassembler les régies Publishers autour du SRP pour quâelles puissent être représentées et défendues, quelle que soit leur taille. Aujourdâhui, être isolé câest délicat. Plus nous serons nombreux, plus lâensemble créé sera représentatif et influent sur le marché français, plus notre voix comptera ! Le SRP veut aussi être un lieu de veille et de partage des informations et des bonnes pratiques pour aider les régies, notamment les plus petites, à accroître leurs revenus publicitaires. Nous souhaitons être dans une logique de développement pour remettre le média presse à sa bonne place. La presse, qui est le troisième média français derrière le digital et la télé, doit rester un média socle pour les annonceurs et être mieux perçu comme le média responsable et efficace pour les marques ! Je suis intimement convaincue que la presse comptera de plus en plus pour eux par sa capacité à proposer un environnement et une publicité responsable, à même de faire écho à lâengagement des marques vers de nouveaux usages.
Aujourdâhui, être isolé câest délicat. Plus nous serons nombreux, plus lâensemble créé sera représentatif et influent sur le marché français, plus notre voix comptera !
IN : quelles seront les actions prioritaires et le positionnement du SRP par rapport aux autres commissions ou représentants de lâécosystème publicitaire ?
F.M. : le SRP va par exemple travailler avec la commission Publicité de lâAlliance (syndicat de la presse quotidienne, ndlr), dont je fais aussi partie, pour voir que faire à propos dâun décret sur la communication automobile qui vient dâêtre publié et qui place la presse dans une situation complexe. Nous voulons aussi simplifier lâaccès à lâinformation avec une mise en commun des outils et à tarifspresse.com, qui aide le marché à trouver les éléments pour communiquer en presse. Depuis 2021, cette plateforme est coordonnée par le SRP, qui a repris les fonctions de la commission Marketing & Publicité du SEPM. Le syndicat fera aussi la promotion des régies Publishers auprès de tous les acteurs et instances du marché publicitaire : ACPM, Udecam, AACC, ARPP, lâUnion des Marques, lâAdetem… Avec Ekimetrics, lâACPM a démontré lâefficacité du média presse ! Nous allons travailler avec lâACPM, dont tous nos membres font partie, pour défendre la place de la presse en tant que média vital pour le marché publicitaire.
INÂ : avec quels arguments ?
F.M. : Face au digital qui est un média de lâimmédiateté et de la traçabilité du résultat, le premier argument est lâefficacité. LâACPM y a répondu mais tous les groupes de presse pris séparément déploient aussi une énergie folle pour démontrer lâefficacité des investissements de leurs annonceurs avec des post-tests, même des pré-tests⦠Lâaccumulation dâaudience sur les 7 et 10 premiers jours est un autre élément, qui permet au média dâêtre un excellent complément à un plan télé ou digital. Il faut aussi faire savoir que la presse a fait beaucoup dâefforts pour compresser ses délais de bouclage publicitaire pour accueillir les campagnes qui se décident au dernier moment. En trois ans, certains titres ont réduit ce délai de 10 ou 15 jours, ce qui est considérable.
IN : le média aurait donc du mal à faire valoir ses atouts ?
F.M. : il est important de moderniser la représentation des régies Publishers. Chacune dâentre elle a une représentation moderne mais lâensemble nâexistait pas. Cela permettra de redonner de la fierté aux équipes et de recruter de nouveaux talents. Il faut redonner aux jeunes lâenvie de venir travailler en régie publicitaire de presse dâautant quâil y a plein de choses à inventer. Nous sommes à la croisée des chemins : les éditeurs ont énormément innové ces dix dernières années mais cela ne sâest pas su autant que lorsquâune plateforme des Gafa lançait une innovation technologique, alors quâin fine ce nâétait pas grand-chose. Les chiffres parlent dâeux-mêmes : selon OneNext 2021, la presse a 51 millions de lecteurs internautes chaque mois, ce qui représente 97 % de la population, et 10 millions de lecteurs de moins de 20 ans, soit 60 % de cette tranche dââge. Ces jeunes de moins de 20 ans qui lisent représenteront sans doute 90 ou 95 % des lecteurs de demain. Il y aura encore une place pour la presse qui offre un confort et un contrat de lecture.
Je me donne deux ans pour quâà la fin de mon mandat, le SRP soit un syndicat à la même hauteur que le SRI ou le SNPTV
IN : vous venez dâêtre élue pour un mandat de deux ans. Dans quel état dâesprit abordez-vous cette nouvelle fonction ?
F.M. : je veux incarner une présidence qui unifie, dynamise et met en perspective. Je me donne deux ans pour quâà la fin de mon mandat, le SRP soit un syndicat à la même hauteur que le SRI ou le SNPTV. Depuis mon élection, jâai eu beaucoup d’encouragements et aussi dâappels, notamment de petites régies. Dâailleurs, même si jâai travaillé dans de grandes régies chez Emap France, Mondadori, Le Figaro, Canal+â¦, je suis moi-même issue dâune petite régie, même si sa contribution est importante pour les titres de Bayard. Mon parcours professionnel mâa donné une capacité à mâinsérer dans des cartographies complexes. Entre les régies, les agences de publicité, les agences médias, les éditeursâ¦, câest exactement le cas de lâindustrie du marché publicitaire. C’est très enthousiasmant et le travail ne fait que commencer !
source : www.influencia.net